Le 28 octobre 2021 avaient lieu les Championnats de France de Nuit, sur le plateau du Larzac et plus précisément sur la carte de Combefère et les Tourdes, au Nord Ouest du Caylar. La plupart des coureurs étaient encore assez frais lors de ce premier championnat de la semaine du CNE, avant les France de sprint et le Critérium National des Équipes plus tard dans la semaine. Les orienteurs élites nationaux et internationaux ont toujours à cœur de bien figurer lors de ces évènements et cette année le plateau était particulièrement bien fourni. Pour ce championnat de France de nuit, les organisateurs avaient annoncé des circuits avec une bonne courabilité, mais qui restaient exigeants techniquement, sans pour autant être extrêmes. Cet article présente l’analyse de la course H21, avec les traces des huit meilleurs coureurs.
Le circuit
Un début de course rapide
Le traceur a choisi un enchaînement de postes rapides pour l’entrée en matière de ces championnats de France. Cela se traduit par 5 postes sur les cinq premières minutes du circuit avant de traverser l’autoroute. La zone reste dégagée mais les coureurs sont directement mis en difficulté par les nombreux changements de direction et le peu de temps pour rentrer dans la carte sans tomber dans la précipitation (50 sec pour le premier poste). À ce petit jeu là, c’est Loïc Capbern et Mathieu Perrin qui s’en sortent le mieux. Aussi on voit apparaître les premières erreurs chez d’autres athlètes.
Sans doute liées à la précipitation, les erreurs peuvent paraître grossières. Mais n’oublions pas que les athlètes évoluent de nuit. De par le champ de vision limité, le recalage est plus difficile et le coureur met généralement plus de temps à s’apercevoir d’une erreur qu’il est en train de commettre. Ici ce sont des erreurs de direction en sortie de poste pour Loïc Marty et Théo Radondy, et une mauvaise évaluation de la distance pour Maxime Rauturier. Ces erreurs d’entrée de course restent légères et non rédhibitoires (moins d’une minute) mais on sait à quel point les cinq premières minutes de course sont importantes pour rentrer dans la carte et se mettre en confiance. Et au vu des écarts sur le classement final, la minute d’erreur n’est finalement pas si anodine.
Un premier long choix décisif
C’est au niveau du sixième poste que le premier long choix apparaît, long choix qui finalement ne se résume qu’à la moitié de l’interposte à cause des passages obligatoires pour franchir les clôtures (en violine). Avec 2DRerun il est possible d’analyser le split pour seulement la deuxième partie de l’itinéraire. Le poste se trouve sur un affleurement rocheux en zone dégagée mais la plus grosse difficulté est de trouver un cheminement rapide et sûr pour l’atteindre. En effet, il faut traverser un gros mouvement de relief fourni en détails rocheux et en végétation. Plusieurs options ont été choisies mais la plus rapide (Perrin/Radondy) était de rejoindre le plus rapidement le sommet jaune sur la droite puis d’aller chercher le rentrant au sud du poste pour une attaque sereine. Malgré un bon choix d’itinéraire, Quentin Moulet et Loïc Marty sont restés trop longtemps dans la zone rocheuse avant d’atteindre le premier sommet (+30 sec) alors que Lucas Basset n’a pas longé le bon rentrant avant d’attaquer le poste, d’où une erreur de parallèle qui coûte cher (+1min45). De plus, les coureurs qui ont effectué dans un premier temps leur choix par la gauche du rentrant ont été ralentis par la difficulté de progression (Capbern/Coupat), ou ont effectué trop de distance sur la deuxième partie de l’itinéraire (Coupat/Rauturier).
Le poste 9 en funambule sur le trait rouge
Après deux postes bien négociés par les coureurs élite dans une zone assez ouverte, le traceur propose à nouveau une traversée du mouvement de relief déjà gravi à la 6. Ici Mathieu Perrin prend un bel avantage (17sec de mieux que le second temps de Lucas Basset qui tire droit aussi) en choisissant une trajectoire plutôt droite qui évite finalement assez bien les zones moins roulantes. On voit que d’autres coureurs chahutés par la végétation ont eu du mal à bien tenir la trajectoire, et ce avec des pertes de temps considérables (Capbern/Marty). À noter que la trame jaune pâle à points blancs est particulièrement piégeuse de nuit : elle ne saute pas aux yeux sur la carte lors de la prise de décision, mais sur le terrain il est finalement difficile de le différencier du blanc ou encore du vert 1.
Un enchaînement rapide, ça déroule
La suite du parcours se fait sur une zone ouverte où les orienteurs peuvent à nouveau adopter une vitesse de course élevée. À noter quelques petites erreurs, pour Vincent Coupat au poste 11 (+15 sec) et Lucas Basset au poste 13 (+50 sec). Sur cette portion on peut aussi relever une exécution parfaite de Quentin Moulet, Loïc Marty, et Mathieu Perrin qui appuient sur la course.
Un nouveau long choix
Avec la deuxième traversée de l’autoroute, arrive le deuxième long choix de ces championnats de France de Nuit. Les possibilités de choix d’itinéraire ne sont pas nombreuses mais certains athlètes ont décidé de moins tendre leur trajectoire, en optant pour un itinéraire vers la droite qui reste plus longtemps sur les mains courantes.
Le choix sur les mains courantes en début d’itinéraire n’est pas payant pour Quentin Moulet et Théo Radondy (+30 sec). En effet, sur les terrains du Larzac la vitesse de progression en tout terrain dans le jaune pâle est quasiment la même que sur un chemin. Donc même si cela permet d’être serein sur sa position et de se reposer mentalement, s’écarter du trait rouge pour aller chercher les chemins n’est pas forcément payant sur le Causse. Aussi, Loïc Capbern perd beaucoup de temps en restant trop longtemps sur la crête après l’angle de la zone interdite, et la traversée dans le vert pour rejoindre le champ impacte fortement la vitesse de course (+50 sec).
Sur cet itinéraire, des coureurs se sont fait aussi avoir par le vert 3 intraversable. Pour descendre rejoindre le champ, il fallait impérativement rester à gauche du muret au risque d’être bloqué par la végétation comme Lucas Basset et Vincent Coupat qui perdent tout de même 30 secondes sur ce détail.
Un labyrinthe végétal au sud de la carte
Entre les balises 18 et 22, le traceur propose une grappe de postes dans une zone typique du Causse du Larzac, un mélange labyrinthique de jaune et de vert. Ici, et davantage de nuit, il n’y a pas beaucoup de points d’appuis sûrs, et le coureur doit impérativement rester au contact et ne pas perdre le fil lors de sa progression. Aussi il ne faut pas se laisser dévier par le vert, mais surveiller son cap et vérifier constamment que la relation carte terrain coïncide. Perdus dans la végétation, les postes munis de réflecteurs n’apparaissent aux orienteurs qu’au dernier moment et nécessitent un point d’attaque plus proche qu’en zone découverte.
La cavalcade du poste 23
Au bout de 40 à 45 minutes de course, les coureurs ont à nouveau affaire à un troisième long interposte de pratiquement deux kilomètres. La sortie assez triviale a été la même pour les huits meilleurs orienteurs : par la droite, suivre le rentrant jaune vers le nord puis prendre la trace le long de la clôture jusqu’à l’angle (l’option de gauche n’étant pas assez roulante et demandant un plus gros effort de lecture). En analysant l’itinéraire depuis l’angle de la clôture, le choix se décline en deux principales options : soit rester au plus proche du trait rouge (Perrin/Moulet/Marty/Basset/Rauturier) soit contourner la zone encombrée par la droite, en allant chercher le chemin et le champ cultivé (Capbern/Radondy/Coupat).
Grâce à l’analyse 2DRerun depuis l’angle de la clôture, on peut voir que Mathieu Perrin, en choisissant de tendre la trajectoire, perd une vingtaine de secondes sur Loïc Capbern. Malgré une vitesse de course qui semble assez similaire dans les parties découvertes, on voit que la perte de temps se fait au passage dans le vert mais aussi lors de l’approche de poste légèrement plus complexe. L’analyse permet aussi de montrer que les changements de plan en cours d’itinéraire ne sont jamais bons. On peut le voir avec la trace de Théo Radondy qui dans un premier temps prend la direction du choix trait rouge puis rejoint ensuite les traces de droite. Et c’est une trentaine de secondes qui sont perdues lors de cette manœuvre.
Rester focus dans les dernières minutes
Une fois rentré dans la forêt au poste 23, les trois dernières balises ne sont pas à négliger. Pour finir ces championnats de France de nuit, le traceur a réservé aux orienteurs un enchaînement de petits poste à poste dans une zone de forêt vert 1 où la visibilité est très limitée. Avec ce type de problématique, le coup de boussole en sortie de poste est primordial pour sauter de bloc rocheux en bloc rocheux.
Résultats
Comme l’avait pressenti le traceur pour ce circuit plutôt roulant et non extrême pour le Larzac, les résultats sont assez serrés. Les douze premiers coureurs se tiennent en moins de dix minutes.
C’est donc Mathieu Perrin (NOSE) qui remporte ce championnat de France avec une course extrêmement propre. Quentin Moulet (OTB) et Loïc Capbern (TOAC) complètent le podium.