Il y a maintenant quelques semaines, j’ai couru le dernier relais du Critérium National des Équipes pour mon club, le GO78. La fatigue de fin de saison était présente, tant mentalement que physiquement, et j’avais déjà lâché plusieurs cartouches la veille sur la finale du sprint. Mais la motivation était aussi au beau fixe pour ce CNE, puisque nous avions une équipe très compétitive. Malheureusement, dû au pépin physique de notre 3e relayeur, nous étions hors de la bataille pour la gagne à la mi-course. Mais en CO, tout est possible, et après quelques mots avec Maxime Rauturier, mon 5e relayeur, nous avions déjà basculé en mode « chasseur ». L’idée forte dans ce cas de figure, c’est de réaliser des courses impeccables techniquement, et advienne que pourra ! On ne remonte pas sur l’adversaire, mais plutôt on le laisse venir à nous. En fins limiers, mes 5e et 6e relayeurs réalisent des supers courses et me lance en 5e position, sur les talons de l’ASUL.
Un début de course très rapide mais pas très propre
J’ouvre donc ma carte et je me sens à l’aise très rapidement. Le terrain ressemble à ceux de mon enfance. Beaucoup de chemins, de la forêt plutôt courante et une dominance de l’utilisation de la boussole. En parlant de la boussole, une technique à maîtriser sur ce terrain est l’erreur volontaire. Le principe est de volontairement se déporter d’un côté ou de l’autre de la direction, pour savoir où aller une fois la distance atteinte. Pour moi, ça se traduit par le fait de prendre ma direction pour le cas de figure où je trouverais le poste parfaitement. Ensuite, lorsque je suis le cap, j’essaie de contourner les obstacles toujours du même côté. Ainsi, je sais de quel côté du poste je suis si j’ai dévissé ma direction. Sur un terrain comme ça, il faut faire des choses simples et se donner l’opportunité de courir le plus vite possible. Sur ce début de course, vous pouvez donc voir que mes choix d’itinéraires consistent intégralement à rejoindre un chemin le plus vite possible, bombarder sur le chemin, et attaquer le poste de la plus simple des manières – souvent un croisement de chemin !
Première erreur // 4-5
Mais ce début de course intense physiquement m’a poussé à la faute. Le poste 4-5 fut ma première bourde de la course. Une façon de sécuriser ce poste aurait été de prendre la dépression en demi-courbe en point d’appui. Mais aucune certitude de la voir, et cela engendrerait une légère perte de temps par rapport à celui qui va tout droit. Mon plan était donc d’y aller droit, en erreur volontaire à droite. Je comptais m’appuyer sur les deux chemins pour connaître mon avancement. J’avais aussi noté que le poste se trouvait dans une zone clairsemée. En cours d’itinéraire, je commençais à trouver le temps long, et je me suis dit que j’avais donc sans doute passé le premier chemin sans le voir. Quand je traverse donc le premier chemin, je commence à chercher immédiatement après, et donc bien trop tôt. J’ai donc continué à avancer, mais bien plus lentement puisque ça commençait à sentir le roussi. Finalement, ma direction était suffisamment bonne et je finis par reconnaître la zone de poste – une grosse souche dans une zone découverte. Une erreur d’une quinzaine de secondes. Pas grand-chose vous me direz, mais ça a suffit à mon adversaire direct, Julien Vuitton de l’ASUL, pour me recoller.
Deuxième erreur // 6-7
Petit coup de pression sur ce poste 4-5, et je remets donc un coup de gaz. Et bam, une autre boulette, ce coup-ci pour une bonne trentaine de secondes. Le poste 7 est très simple en approche, la difficulté est ici de prendre le bon layon. Et j’étais persuadé d’avoir fait le boulot. Encore une fois, j’avais bien en tête le challenge du poste – de ne pas se planter de layons. Je pense donc faire une sortie de poste volontairement à gauche, et je me dis que le layon qui sera en face sera le bon – perdu. Donc j’envoie comme un sourd sur mon layon, mais encore une fois ça commence à sentir mauvais, parce que je ne vois pas de clairière se dessiner au loin. Au contraire, je commence même à voir le chemin bordé de jaune. Là, je me dis « ok, t’as fait le con, t’es sur le mauvais layon ». J’en change donc et reviens en arrière pour trouver le poste assez rapidement. Mais ça fait quand même un bon crochet, sur un poste pas si dur que ça. Je me suis sans doute un peu relâché devant la facilité de l’approche. Pour être sûr de prendre le bon layon, il aurait été intéressant de d’abord sortir plein nord sur le fossé, suivre le fossé jusqu’au gros chemin, puis jusqu’au layon. Aucun risque de se planter avec un plan pareil. Là, je me dis qu’il faut serrer la vis un bon coup et arrêter ces petites imprécisions. Et c’est ce que j’ai réussi à faire.
Une fin de course plus verte
Il y avait un changement marqué de type d’orientation sur la fin de course, et ça a pu en mettre plus d’un en difficulté. Je m’en suis sorti sans encombre, principalement parce que j’ai beaucoup ralenti sur cette deuxième boucle. Pour moi la clé de cette zone, c’était d’avoir un plan en béton armé. Ne pas partir du poste tant que je ne sais pas exactement où je vais passer. La visibilité réduite dû à la végétation oblige à prendre plus d’éléments pour s’appuyer. Il faut faire des choses encore plus simples que sur le reste de la course et limiter les longues tirées à la boussole. Pour le poste 15 par exemple, je n’ai pas hésité à faire des angles marqués dans ma trajectoire pour rester sur les mains courantes. Quitte à faire plus de distance, la simplicité de l’exécution permet de courir plus vite, sereinement. Et c’est encore plus vrai sur les relais.
En bref
Petit résumé de mes conseils pour réussir une belle course sur ce terrain. Il faut avant tout avoir des plans simples, c’est-à-dire éviter les grandes tirées à la boussole, utiliser les chemins à foison et ne pas avoir peur de faire des angles sur son itinéraire. Ensuite, c’est un type de forêt où la moindre hésitation se transforme en perte de temps. Il faut donc avoir du respect pour le terrain et verrouiller techniquement avant de courir à tout vas. Comme c’est une forêt simple, une erreur de 30 secondes, c’est une grosse erreur. Il faut être exigeant avec soit même sur les circuits faciles. Chapeau à l’organisation qui, je trouve, a réussi à proposer un tracé exigeant pour les coureurs en dépit du manque de détail.