La coupe du monde 2019 est maintenant terminée. Gustav Bergman et Tove Alexandersson en sortent vainqueurs. Entre arrivée au pied d’un bouddha géant, sprint relais dans un studio cinéma en plein air et un sprint aux nombreuses ruelles étroites, ces quelques jours furent riches en découvertes et terrains atypiques pour les orienteurs venus de toute l’Europe. Il est temps de revenir sur ces courses qui ont clôturé la saison d’une bien jolie manière.
Une moyenne distance particulière
Les coureurs devaient s’y attendre au vu de l’ancienne carte, la moyenne distance n’avait rien d’une course forêt traditionnelle. En effet, la vitesse de course en forêt étant fortement réduite par la végétation, la majorité des choix s’effectuaient sur chemin. Ces choix étaient d’ailleurs déterminants, et nous avons pu constater des pertes de temps significatives sur ceux-ci. Il était difficile de savoir quelles décisions prendre sur ce terrain, étranger à la grande majorité des coureurs. C’est sur ces mêmes choix que les problèmes de disqualification sont apparus. Une petite dizaine de coureurs ont traversé une zone de vert olive qui bordait un chemin, entre la 4 et la 5. Parmi eux, Daniel Hubmann et Kasper Fosser, meilleur temps du partiel, et 4e et 5e à l’arrivée - analyse détaillée de World of O ici. Le suédois Gustav Bergman a également franchi une zone de vert olive dans la ville, en fin de course. Sans gain de temps cette fois-ci, mais tout de même une zone interdite. Finalement, la décision de reclasser tous les coureurs a été prise à la suite d’une réclamation de l’équipe suisse, sur la qualité de la carte notamment. Le terrain était en effet très détaillé, et donc difficile pour le cartographe de rendre le dessin lisible tout en restant fidèle aux normes, ainsi qu’en produisant un résultat de qualité.
Mais malgré ces challenges, c’est encore une fois Tove Alexandersson qui l’emporte. Il semble que personne n’arrive à la détrôner et nous sommes à court de superlatif pour qualifier la saison de la Suédoise – tout simplement incroyable. Elle devance la Russe Natalia Gemperle qui renforce ses chances de podium au général de la coupe du monde. En troisième position, on retrouve la Suissesse Julia Jakob, encore une fois sur le podium. On pourra noter l’impressionnante performance des féminines Suisses qui prennent les 3e, 4e, 5e, 6e et 7e places. Nos Françaises ne s’en sortent pas aussi bien, et c’est Isia Basset qui réalise la meilleure course du jour, terminant 29e.
Chez les hommes, c’est le suédois Gustav Bergman qui prend la victoire et verrouille sa première place au général. Après une course dominée de la tête et des épaules, il s’impose devant l’étoile montante suisse Joey Hadorn. En 3e position, cocorico ! C’est Lucas Basset qui monte sur la boîte. Il vient là améliorer sa meilleure performance en coupe du monde hors championnats, datant de 2013. Malgré quelques erreurs, il semble que Lucas s’en soit mieux sorti que le reste du gratin mondial. Un autre podium de classe mondial pour Lucas, qui confirme sa place dans le haut du panier. Côté français, Frédéric Tranchand termine 22e, Maxime Rauturier 31e, Loïc Capbern 37e et Quentin Rauturier 38e. Ils obtiennent tous des points pour le classement coupe du monde (top 40).
Un sprint relais digne des plus grands films
La course suivante de cette manche de coupe du monde se déroulait dans un studio de cinéma en plein air. Cela offrait un terrain intéressant, entre réplique de temple et parc. Les premières femmes s’élancent, et après environ 13 minutes de course, l’imbattable Tove Alexandersson rentre en tête. Elle est talonnée par deux jeunes athlètes talentueuses, Simona Aebersold et Victoria Bjorstad. Des écarts énormes semblent se faire sur le relais des hommes. Mais rien n’en est, puisque ce n’est que le fait d’une différence significative sur une combinaison. Au départ du dernier relais, les Suédois sont en tête. On s’imagine déjà une énième victoire de Tove et du relais suédois en coupe du monde. Mais c’était sans compter sur une grosse erreur de Karolin Ohlsson, qui oublie un poste en cours de route et doit faire demi-tour pour ne pas être disqualifiée. C’est donc la Suisse, après une course au contact des Suédois tout du long, qui s’impose. Ils sont suivis par l’équipe 2 suédoise, qui a pour habitude de battre l’équipe 1 sur l’étape finale de coupe du monde. En 3e position, vient une jeune équipe de Norvège, avec deux juniors dans l’équipe.
Les Français réalisent des courses correctes, et sur l’impulsion d’une remontée dantesque de Lucas Basset, l’équipe 1 se retrouve à la bagarre pour une place d’honneur. Malheureusement, les secondes sont chères dans ce genre de relais, et Florence Hanauer ne parvient qu’à accrocher une 10e place. On notera que les meilleurs temps des relais 2 et 3 sont détenus par des Français. Maxime Rauturier - en équipe 2 - et Lucas Basset réalisent des temps canons sur leurs relais respectifs.
Un sprint qui restera dans les mémoires
La saison 2019 se terminait par un sprint dans les rues de Songtang - petit village chinois typique. Mais un village typique chinois, ça donne quoi ? Et bien beaucoup de coureurs se posaient la même question avant le départ de cette course. Ils avaient eu la chance d’avoir accès à une ancienne carte, ce qui permettait de se projeter sur les challenges du tracé. Dans ce dédale de ruelles, la rapidité physique pure perdait de son importance, pour accentuer les qualités de navigation et de relance des athlètes. Il ne fallait jamais perdre le contact, tout en essayant de se donner le maximum d’occasions pour courir. Il était également difficile d’anticiper les choix d’itinéraires sur ce genre de terrain, qui était encore une fois déterminant, grâce à un bon tracé. Un très beau sprint pour finir l’année en apothéose.
Elle aura finalement chuté, aux portes d’une razzia historique. Tove Alexandersson commet une erreur de plus d’une minute sur le début de course, et se retrouve à 58 secondes après seulement quelques minutes de course. Elle terminera en 8e position à 53 secondes de la gagnante du jour, la surprenante Chinoise Shuangyang Hao. Elle a dominé le début de course, pour ne jamais laisser de chance à ses adversaires. Elle relègue la jeune Suisse Simona Aebersold à une dizaine de secondes. En troisième position, la prometteuse Sarah Hagström obtient son premier podium individuel en senior. Nos Françaises commettent des erreurs, mais obtiennent toutefois des places intéressantes. **Isia Basset se classe 38e.
Chez les hommes, c’est le Belge Yannick Michiels qui prend sa deuxième victoire en sprint de la saison. Il devance un impressionnant Maxime Rauturier de seulement 2 petites secondes. Notre rédac-chef réalise là un braquage, dont lui seul a le secret. Un véritable coup de maître sur cette fin de saison déjà remplie de résultats prometteurs. On le savait en grande forme ces derniers mois, et il ne manquait plus qu’à concrétiser. Le boulot est fait. Il rentre à la maison avec la tête pleine de souvenirs. Il rejoint la poignée de Français à avoir réalisé un podium en coupe du monde, et aux noms familiers – Tero, François Gonon, Damien Renard, Lucas Basset, Frédéric Tranchand, Philippe Adamski et Isia Basset. Waw ! C’est le chinois Li ZhuoYe qui complète ce podium inhabituel, et bien rafraîchissant. On notera également les belles courses de Lucas et Fredo, qui termine respectivement à la 14e et 16e place. Adrien Delenne, malgré une course moyenne, prend une jolie 33e place.
Et voilà ! La saison est finie. Il faudra patienter jusqu’en mai prochain pour se remettre de la coupe du monde sous les dents. Et certains les ont longues ! Gustav Bergman prend sa première victoire au général de la coupe du monde, devançant les Suisses Joey Hadorn et Daniel Hubmann. Première fois en 10 ans qu’un Suisse ne s’impose pas. Le dernier à l’avoir gagné avant cette série suisse ? Thierry Gueorgiou. Chez les femmes, c’est bien évidemment Tove Alexandersson qui s’impose haut la main. Une saison dominée de manière impressionnante par la Suédoise. En 2e position, on retrouve une autre jeune Suisse prometteuse, Simona Aebersold. La Russe Natalia Gemperle complète ce podium. Frédéric Tranchand obtient son premier top 6 au classement coupe du monde, malgré sa fin de saison mitigée.