Les dernières épreuves de course d’orientation aux jeux mondiaux militaires sont maintenant terminées et il est temps de revenir un peu plus en détail sur les événements de cette compétition. Il paraît bon de préciser que ces jeux mondiaux font office de Jeux olympiques pour les militaires et sont une véritable vitrine pour les différentes nations présentes. Les athlètes ont pu assister toute la semaine à une démonstration de la démesure chinoise. Toute l’infrastructure établie pour ces jeux mondiaux et les quelque 9 000 athlètes présents donnaient tout l’air des JO à cette compétition.
Loin d’une compétition au rabais donc, avec la présence de nombreux orienteurs du circuit civil. La plupart bénéficient d’un contrat avec leurs armées respectives, qui leur permet de s’entraîner à plein temps et d’avoir un revenu régulier. En France, un système similaire serait l’armée des champions, malheureusement réservé aux sports olympiques. Pour nos orienteurs français, c’est donc sous le statut de réserviste qu’ils participent à cette compétition.
La tricherie chinoise sur la moyenne distance
C’est malheureusement l’un des événements les plus marquants de ces jeux, tous sports confondus… Commençons par rappeler les faits. Les derniers coureurs franchissent la ligne, et les résultats ont une drôle d’allure. Les féminines Chinoises dominent le classement en prenant les 1er, 2e et 4e place. La 3e position revient à Anastasia Rudnaya, reléguée à plus de 6 minutes de la gagne. Même surprise chez les hommes, un Chinois prend la 2e place à seulement 7 secondes de l’avion suisse Mathias Kyburz. Les Chinois, habitués en temps normal aux fonds de classements sur les coupes du monde, auraient-ils tant profité de l’avantage du terrain ? Le plus surprenant est l’anonymat des coureurs chinois, qui n’ont ni profil IOF, ni aucun World Ranking Event à leur actif. Mais ces arguments ne sont pas suffisamment tangibles pour permettre de disqualifier l’équipe chinoise. Heureusement pour les compétiteurs, ils avaient poussé le vice très loin. Il y avait entre autres des fanions rouges pour indiquer certaines directions et un layon taillé à l’avance à travers une zone de végétation pour permettre un raccourci. Mais au-delà de ça, plusieurs coureurs, étrangers et français, relatent des scènes déconcertantes, allant du coureur avec la carte roulée dans le pantalon, à celui que ne regarde absolument pas sa carte. Au bout d’une longue après-midi, et d’une longue soirée, l’équipe chinoise est finalement disqualifiée pour l’ensemble de la compétition. La cérémonie des médailles n’aura lieu que trois jours plus tard. Des événements qui viennent entacher l’image de notre beau sport qui prône pourtant le fair-play et le respect des adversaires. Des événements malheureusement déjà observés – on pense notamment aux JWOC 1996 en Roumanie ou au CISM en France dans les années 70. On espèce que cela ne se répétera pas dans le futur.
La course était cependant de très bonne facture. Le tracé était intéressant et proposait des choix déterminant aux coureurs. Quelques postes à flanc ou en descente rendaient également l’exercice plus exigeant. Le tout dans un contexte extrêmement physique – 400 m de dénivelé pour 5,3 km chez les hommes.
On pourra noter la domination suisse sur cette journée, qui rafle toutes les médailles chez les hommes. La performance de Mathias Kyburz est à souligner puisqu’il parvient à battre un Chinois qui avait très probablement couru le circuit plus d’une fois ! Florian Howald et Jonas Egger complètent ce podium. Chez les dames, c’est la Russe Anastasia Rudnaya qui s’impose, suivie par sa compatriote Svetlana Mironova pour l’argent, et la Polonaise Aleksandra Hornik pour le bronze.
Côté français, Lucas Basset termine à la 10e place, suivi de près par Quentin Rauturier, 14e, et Nicolas Rio, 15e. Isia Basset prend la 9e place chez les dames. De manière générale, nos Français avaient de quoi chercher plus en haut du classement, même si ces résultats restent bons.
Une longue distance de guerrier
La compétition continuait avec l’épreuve de longue distance. Elle avait lieu sur un terrain extrêmement pentu, et avec une cartographie assez moyenne par endroit. Beaucoup de flexibilité était donc demandée aux coureurs. Ajoutez à cela les temps de courses annoncés dans le bulletin largement sous-estimés – un bon quart d’heure de plus pour les hommes. Le mélange parfait pour une dure journée en forêt. Mais l’orienteur ne recule pas devant un tel challenge, il l’embrasse. En fin de compte, c’est l’hymne russe qui a retenti par deux fois ce jour-là.
Anastasia Rudnaya devance l’Autrichienne Ursula Kadan de 14 petites secondes après plus d’une heure d’effort pour s’emparer de sa deuxième victoire. On retrouve la Suissesse Elena Roos en 3e position. On notera la très belle performance de Cécile Foltzer côté français, qui prend la 9e place.
Chez les hommes, c’est Dmitrii Tcvetkov qui devance notre fusée préférée, Frédéric Tranchand, auteur d’une superbe course. Il avait à cœur d’effacer la contre-performance de la veille et de faire parler la poudre. La 3e place revient, à la surprise générale, à Ionut Zinka. Habitué des skyrunning, le Roumain s’est accroché à Tcvetkov pour devancer le Suisse Florian Howald d’une dizaine de secondes. Lucas Basset prend une belle 8e place aux termes d’une course correcte, mais sans éclats.
Les relais français en bronze
La compétition se terminait par l’épreuve de relais - clairement la course et le terrain le plus agréable de ces trois jours. Le tracé offrait des problématiques variés aux coureurs, entre des sommets rocheux et détaillés, et des parties plus roulantes, propices aux choix d’itinéraires. Il fallait être vigilant aux zones de végétation denses pour ne pas perdre de précieuses minutes. Sur un parcours rapide comme celui-ci, il fallait être au contact tout du long et ne jamais se faire décrocher. Et nos relais français ont su rester aux avant-postes.
Chez les hommes, l’équipe était lancée par Nicolas Rio, qui rentre à seulement quelques secondes de la tête de course, dans un groupe de quatre coureurs. Frédéric Tranchand a ensuite allumé la mèche et fait exploser le groupe, rentrant en tête. Il est talonné par les Russes et relègue les Suisses à une trentaine de seconde. Il envoyait Lucas Basset sur le dernier relais. Après une erreur dès le début de course, Lucas serre les boulons et prend la 3e position, à environ une minute des vainqueurs Suisses. La Russie prend la seconde place.
Mais le moment fort de la journée restera la médaille du relais femme. Maëlle Beauvir ouvrait le bal, suivie par Cécile Foltzer. Après ces deux relais, les Françaises occupent la 4e position, quelques minutes derrière l’Estonie. Mais Isia Basset sort le grand jeu et atomise son adversaire pour s’emparer de la 3e place. Elles terminent à 5 minutes de la Russie et la Pologne, qui avaient fini dans un mouchoir de poche. Ce résultat venait conclure une belle journée pour l’équipe de France avec deux médailles de bronze.
Finalement, l’équipe militaire de CO remporte 3 médailles sur ces jeux mondiaux militaires et réussit donc une belle performance d’ensemble. Mais on peut néanmoins regretter l’absence de la France sur les podiums de la compétition par équipe. Ce classement prenait en compte les temps des 4 premiers hommes et 3 premières femmes sur la longue et la moyenne. Malheureusement, nos coureurs français n’ont pas toujours réussi à performer à leur niveau sur ces terrains étrangers.