Le week-end dernier avait lieu l’avant-dernière coupe du Monde de la saison.
Au programme : Moyenne Distance vendredi, KO sprint le samedi et sprint le dimanche.
La particularité de cette coupe du monde est qu’elle marquait la transition entre la saison 2019, accompagnée par le premier championnat du monde exclusivement en forêt, et celle de 2020 avec le premier exclusivement en sprint.
Ici nous allons nous intéresser à la Moyenne Distance !
Le Terrain
Cette moyenne distance se distinguait des autres manches de Coupe du Monde en forêt de la saison, car elle se déroulait en terrain continental.
Pour rappel, on dit d’un terrain qu’il est continental quand il est caractérisé par de fortes pentes régulières, peu d’éléments de détail et intégralement boisé.
Ces forêts donnaient aux coureurs des pays du centre/sud de l’Europe une chance de se distinguer des coureurs scandinaves. On retrouve ainsi dans le top 20 homme des coureurs comme Christoph Meier (14e, Suisse), Marek Minar (17e, République Tchèque), Riccardo Scalet (19e, Italie), peu habitués à ces places en Coupe du Monde. Et bien sûr la victoire du jeune Joey Hadorn (Suisse).
Chez les femmes, même constat avec Denisa Kosova (6e, République Tchèque), Ursula Kadan (12e, Autriche) ou encore Isia Basset (15e, France).
Pour le débrief de la course : Le débrief
Ces types de terrain apportent une technicité de navigation moins élevée qu’en Scandinavie, mais plus de choix d’itinéraires intéressants dû au dénivelé important. Le sol moins meuble permet aussi des vitesses à plat et descente plus élevées, ce qui change la manière d’orienter.
Quelques pistes pour réussir : *Bien prendre le temps de planifier. Les choix sont déterminants et peuvent faire de grosses différences. Le choix 2-3 chez les garçons est un bon exemple (voir la section Le Choix ). *Une fois le choix réalisé, ne pas se laisser emporter par la relative facilité du terrain. Garder une lecture de carte fréquente et une vigilance élevée (voir la section erreurs).
Le Choix
L’analyse des choix d’itinéraires se base sur les données des GPS fournis par l’organisation aux principaux coureurs.
Le but de cette section est de décortiquer un choix d’itinéraire clé dans la course des hommes et dans celle des femmes.
Hommes // 2-3 :
Ce choix intervient en tout début de course, après deux postes en descente pendant lesquels la navigation rapide empêche la planification de l’itinéraire. Donc une très bonne décision du traceur qui vient mettre les coureurs en difficulté dès les premiers postes. Cependant, peu des favoris se sont fait piéger, et on retrouve dans les 10 premiers temps notamment les trois premiers du World Ranking (Daniel Hubmann, Gustav Bergman et Olav Lundanes).
Les 10 premiers temps sur le choix :
Au final, le choix légèrement à gauche ci-dessus était le plus rapide - et de loin : Les 10 premiers hommes sur l’itinéraire l’ont emprunté.
Ci-dessous les différentes variantes utilisées. On peut voir que les autres étaient toutes à peu près équivalentes, 40-50s plus lentes que celle du milieu.
Les variantes :
Dans les coureurs distancés dès ce choix, on retrouve Ruslan Glibov (10e World Ranking), Mika Kirmula (18e World Ranking) ou encore Emil Svensk (14e World Ranking). Autant de favoris à la victoire éliminés dès le troisième poste.
Femmes // 11-12 :
Peut-être le choix le plus intéressant de la course des femmes. Même s’il n’en n’a pas l’air, l’arrivée en descente a rendu ce poste à poste piégeur. En effet, les coureuses ont eu tendance à vouloir se laisser tomber jusqu’au chemin au lieu de faire l’effort de remonter une courbe de niveau et de se retrouver à flanc, puis en descente sous le trait rouge. Résultat : plusieurs favorites qui perdent du temps, avec notamment Simona Aebersold et Tove Alexanderson (1e et 2e au final) qui réalisent une de leurs seules erreurs de leur course :
L’Erreur
Peu d’erreurs ont été faites sur cette course. Le terrain continental et la faible technicité de la navigation ont sûrement joué. Tout de même on peut remarquer que les erreurs les plus spectaculaires ont été commises sur le même poste - le 10 pour les hommes, 11 pour les femmes :
Cette erreur de Merja Rantanen est typique d’un alignement de poste. La coureuse confond la 10 et la 11 et se rend directement à la 12.
Le poste 10 est celui qui a généré le plus d’erreurs chez les hommes ayant un GPS. C’est intéressant de remarquer que les trois coureurs ayant fait le moins bon temps sur le poste ont fait la même erreur : ils vont trop loin sur le chemin et perdent beaucoup de temps.
En cause : Les coureurs venaient de franchir la partie la plus dénivelée de la course, ce qui les a mis “dans le rouge”, c’est à dire dans une intensité trop haute pour leur capacité de lucidité.
En chiffres : entre la 7 et la 9, 120m de dénivelé positif en 0,5km. Ce qui équivaut à la pente d’un kilomètre vertical de 4,1km. Le meilleur homme met 4mn30, c’est à dire l’allure pour faire 37mn30 sur le KV… en tout terrain. Pour info, la plupart des KV se gagnent entre 30 et 34mn !
Bien sûr ces moments d’intensité élevée sont habituels, mais leur gestion est toujours délicate. Un mauvais jour (ou un trop bon !) peut vite faire basculer l’équilibre de l’orientation dans le mauvais sens.